12 La Mort de L'enfant.

 


Le Décès D'un Enfant.

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A la mort de son enfant.  

La mort d’un enfant va contre le sens même de la vie. 


Une terrible épreuve pour des parents qui se retrouvent désemparés,

Amputés d’une partie d’eux-mêmes et d’un moteur de vie. 

Blessés au plus profond d’eux et face à un deuil très douloureux.

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Comment vivre après une telle perte ? 

 

« Tu n’es plus là où tu étais,

Mais tu es partout là où je suis ». 

Pour Fabienne, ces mots de Victor Hugo au sujet de sa fille décédée,

Léopoldine, reflètent exactement ce qu’elle ressent  aujourd’hui. 

Il y a quatre ans, son fils Florent

Est mort du jeu du foulard. Il avait 13 ans. 

Ça a été extrêmement brutal. 

Nous ne savions pas qu’il y jouait. Un soir, mon mari l’a retrouvé inanimé

Dans sa chambre. Les secours n’ont rien pu faire. 

Nous étions sidérés, sous le choc, tant cela semblait irréel. 

Puis, nous avons réalisé que c’était vrai et là, notre monde s’est écroulé. 

À partir de là, vous vivez avec une chape de plomb au-dessus de la tête.

Tous les matins, en vous réveillant, vous recevez un coup de poignard

Qui vous rappelle que votre enfant est mort.

Et vous vous demandez si vous allez parvenir à la fin de la journée.  

Comme de nombreux parents qui ont perdu leur enfant,

Fabienne a eu le sentiment qu’elle ne s’en remettrait jamais.   


Le Décès D'un Enfant.   

 La perte d’un enfant transforme

Un parent à tout jamais,


Explique le psychiatre Christophe Fauré.

Elle le blesse au plus profond de lui-même. 

Mais ça ne veut pas dire qu’il ne pourra pas s’en remettre.

 Il est possible, tout en ayant cette blessure en soi, d’un jour

Réinvestir sa vie, d’y trouver à nouveau du bonheur, d’avoir de nouveaux projets

Et éventuellement, d’autres enfants… » À condition, pour le psychiatre, d’être bien

Entouré et accompagné, dans ce travail de deuil difficile. Colère et culpabilité 

« Un arrachement », « une mutilation »… C’est ainsi que les parents endeuillés

Décrivent la perte de leur enfant.

Quand un enfant meurt, le parent se sent presque physiquement amputé d’une partie

De lui-même et de toutes les projections qu’il avait investies en lui ,

Analyse Christophe Fauré.  Amputé aussi d’un moteur de vie,

« d’une raison pour laquelle on se bat dans l’existence ». 

« J’ai passé trois mois assise sur une chaise à ne rien faire,

À  ne penser qu’à lui.  Ma vie s’était arrêtée »,

Raconte Pascale, qui a perdu son fils de 10 ans, suite à un accident.  

 « Pourquoi nous ? » , « Pourquoi lui ? »…

Le décès d’un enfant va dans le sens inverse de la vie et constitue,

Pour les parents, une terrible injustice.  

D’ où un sentiment de colère « par rapport aux autres

Qui continuent leur vie de façon insouciante

Et par rapport aux autres parents… »,

 Poursuis le psychiatre.

 Et il n’est pas question d’oublier son enfant :   

         C’est  Fondamentalement   ღ꧁ღ╭⊱ꕥ  D'un Enfant  ꕥ⊱╮ღ꧂ღ

La mort d’un enfant est considérée, aux yeux de tous,

Comme profondément injuste.

 Elle provoque un ébranlement émotionnel considérable,

Surtout lorsqu’elle survient soudainement 

(accidents, infections foudroyantes, mort subite d’un nourrisson par exemple),

Sans aucun signe d’alerte. Devant une telle mort, brutale

Et incompréhensible, les parents questionnent les médecins.

 Les débuts de réponse apportés constituent souvent

Pour eux une première balise sur le long et douloureux

Parcours où ils ont été violemment projetés.

 C’est un premier point d’appui dans ce moment de bascule.

 Il sera relayé par d’autres, qui pourront les aider sur leur chemin famille,

Amis, appartenance à un groupe religieux,

Insertion dans un groupe de parents ayant traversé la même épreuve,

Rencontre avec un psychiatre, un psychanalyste ou un psychologue,

Ou encore un mode beaucoup plus personnel de cheminement : 

Ecriture pour certains, création artistique pour d’autres, etc. 

Contrairement à ce qui se dit beaucoup actuellement,

Le deuil n’est pas une série d’étapes que l’on franchirait

Pour arriver à une conclusion à un moment donné.

 Il est réactivé, poursuivi, élaboré au cours

Des événements de la vie du couple.

 C’est un processus de toute une vie, un long travail intérieur

Pour ceux qui demeurent

Pour toujours parents de leur enfant dans son absence. 

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 Le Deuil Des Parents 

Ce travail intérieur est toujours individuel, il est toujours singulier. 

Il est lié à la relation à l’enfant et à l’histoire personnelle de chacun. 

C’est un travail de reconstruction psychique pour trouver un nouvel équilibre

Après cette perte brutale et violente. Il se fera en fonction de la façon dont chacun

S’est structuré autour des premières pertes de son existence : celle de la mère

Protectrice, qui répondait au plus près de ses besoins quand il était enfant,

Et puis les autres séparations et pertes qui jalonnent toute vie. 

Ce travail de deuil se fait en un temps et selon des modalités propres à chacun,

Et il n’est jamais conclu. Il passe souvent par des moments de déni et de refus

De la réalité, avec l’impression de vivre un cauchemar dont on va se réveiller.  

Il passe par des moments de repli sur soi et de dépression où tout semble dérisoire

Et sans intérêt. Il passe par des moments où les parents ont le sentiment de devenir

Fous, des moments où ils éprouvent le désir de mourir pour retrouver leur enfant.

 Il passe aussi parfois par un certain besoin de demeurer dans cette souffrance

Qui les lie à celui qui les a quittés.   

Le deuil est accompagné d’angoisse et de culpabilité. Cette culpabilité est liée

En profondeur à l’ambivalence de nos sentiments, au fait qu’une part de négatif

Est toujours liée à du positif.

Tout ce ressenti et ces moments vécus avec une intensité douloureuse

Peuvent s’apaiser. Ils peuvent sembler dépassés,

Et puis resurgir, sans que ce soit prévisible,

Au décours d’un événement qui vient réactiver et remettre

Au travail ce qui pourtant s’était vraiment pacifié.  

La disparition de leur enfant rend les parents

Particulièrement fragiles et vulnérables. 

Et les mots et attitudes d’autrui peuvent être pour eux

Un grand soutien ou au contraire

Venir les blesser ou les entraver sur leur chemin.

Souvent, l’entourage veut les protéger de trop d’émotion,

De trop d’expression de leur chagrin.  

Les proches ignorent que c’est eux-mêmes qu’ils protègent ainsi. 

Ils espèrent parfois atténuer la douleur des parents

En leur suggérant de ne pas en parler,

D’oublier, de faire disparaître les traces de l’enfant, parfois même,

Ils prennent l’initiative de le faire eux-mêmes à la place du père et de la mère.

 Ils peuvent parfois aussi déconseiller ou empêcher les parents d’aller voir leur

Enfant à la chambre mortuaire avant les obsèques, ou au contraire les pousser

À  le faire alors qu’ils n’y sont pas prêts.  

Tous ces conseils ou réticences de l’entourage

Peuvent gêner les parents dans des actes qu’ils sentent nécessaires pour

Eux-mêmes. Ils sont les seuls à en connaître l’importance, ils sont les seuls

À  savoir le temps qui est le leur pour les poser.  

Il faut savoir que ce qui est nécessaire et bon pour un parent ne l’est pas forcément

Pour un autre. De même, ce qui est nécessaire et bon à un moment donné pour un père

Ou une mère ne l’est pas toujours à un autre.  

Ceci est également vrai à l’intérieur

Du couple où le chemin de chacun et le temps pour le parcourir sont personnels,

Ce qui n’est pas sans entraîner parfois des difficultés pour la vie du couple endeuillé.

Ce qui se dit très couramment tend à minimiser la douleur liée à la perte d’un enfant. 

On entend souvent des phrases comme « il était si jeune, cela aurait été pire

S’ils l’avaient perdu plus grand », ou bien, ils sont jeunes, ils en auront d’autres ». 

Ces phrases sont blessantes et fausses. 

Elles sont fausses, car l’expérience nous montre

Que plus l’enfant était petit, moins les échanges auront été nombreux entre

Lui et ses parents, plus ceux-ci se trouveront démunis pour lui faire une place

Intérieure. Elles sont blessantes et destructrices, car ils sont annulés dans leur

Identité fragile de parents en devenir.  

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 Le deuil de la fratrie  

Dans la famille, les enfants aînés ont aussi à retrouver un équilibre.

 Les frères et sœurs sont touchés directement par cette mort.

 Ils ont à faire face à cette disparition et au changement brutal

De leurs parents qui ont basculé dans le drame.

L’enfant qui disparaît était leur compagnon de jeu actuel ou potentiel. 

Il était aussi leur rival dans l’amour parental, entraînant parfois jalousie, agressivité

Et désir plus ou moins conscient d’être débarrassé de cet intrus. Les aînés peuvent

Alors se sentir très coupables si la réalité vient rencontrer leur souhait. 

Ils ont besoin d’être rassurés sur le fait que personne n’est responsable de cette mort

Ni leur papa, ni leur maman, ni eux-mêmes. Ils ont aussi besoin d’être rassurés

Sur l’amour que leurs parents leur portent et leur porteront toujours, même

S’ils semblent avoir tellement changé actuellement. 

Même si les aînés ne savent pas ce qu’est l’absence définitive de la mort, ils sont prêts

À  l’entendre. Pour se repérer et bien se structurer, ils ont besoin qu’on leur dise

Que leur frère ou sœur  est mort, sans s’arrêter à des métaphores comme

« Il dort » ou « il est parti ». Taire la mort ne les préserverait pas de ce drame,

Mais les gênerait dans leur construction. Celle-ci se fait toujours à partir de l’histoire

Familiale propre à chacun. 

Mais pour que les parents puissent en parler aux frères et sœurs,

Il faut que chacun d’eux ait pu « s’en parler à lui-même ».

 Si cette mort reste indicible, l’aide d’un professionnel pourra peut-être

Leur permettre de formuler pour eux-mêmes

Ce qu’ils veulent transmettre à leurs enfants de ce drame vécu par toute la famille.

 Le chagrin et la douleur n’ont pas à être tus aux enfants survivants. S’ils ont à être

Préservés de quelque chose, c’est d’être mis en place de soutien et de réconfort de leurs

Parents affligés. C’est une place à laquelle certains se mettraient beaucoup

Trop volontiers. Ceci les gênerait dans leur structuration.  

Il est bon de ne pas les y conforter, mais de restituer les places de chacun. Il est bon,

Aussi, de se garder de ramener tous les problèmes d’un aîné à ce drame. Bien sûr,

Il peut avoir des difficultés (liées ou non à cette épreuve familiale), de toute façon

Elles méritent qu’on s’en occupe, peut-être dans certains cas avec l’aide d’une écoute

Et d’un regard étranger à la famille.

Pour les enfants qui naîtront après cette mort, la question a souvent été posée

En termes « d’enfant de remplacement ».

 Les choses sont probablement beaucoup plus complexes.

 Il est certain que les parents sont marqués par ce drame et que leur regard sur un puîné

Sera chargé d’une façon ou d’une autre de leur histoire familiale. 

Mais l’enfant quel qu’il soit, tout enfant, ne vient il pas toujours dans la propre

Histoire et le désir de ses parents pour « comme réparer », « comme satisfaire »

Plus ou moins ce qui a manqué ou été difficile ? C’est le lot de tout enfant,

C’est le lot de notre humanité.  

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 Place d’un soutien psychologique

Ce nouvel équilibre à construire pour toute la famille se fera souvent avec l’appui

De tout un environnement social et aussi de professionnels. Mais la rencontre avec

Un psychologue n’est pas nécessaire a priori certains parents peuvent le souhaiter,

S’en trouver rassurés et ce sera pour eux un point d’appui important. 

Autres peuvent être en grande difficulté et demander une aide et un soutien

Qui pourront parfois être longs.

À l’époque actuelle, où les indications de consultation psychologique sont posées

Avec une grande facilité, il est bon de préciser la spécificité et la valeur du soutien

Psychologique. Il s’agit pour le parent endeuillé d’une adresse à quelqu’un

Dont la formation et la sensibilité permettent de ne pas chercher à faire taire

L’expression de la douleur, de ne pas chercher à soulager ce qui, dans ce moment là,

Ne peut pas l’être, et enfin, de ne pas se mettre en place de savoir ce qui est bon

Pour l’autre. Il s’agit pour le parent endeuillé d’une adresse à quelqu’un dont

La formation et la sensibilité permettent de ne pas chercher à faire taire l’expression

De la douleur, de ne pas chercher à soulager ce qui, dans ce moment-là, ne peut pas

L’être, et enfin, de ne pas se mettre en place de savoir ce qui est bon pour l’autre. 

C’est aussi cette acceptation de non avoir pour l’autre, qui va aider le parent éprouvé

À  découvrir ce qui est nécessaire, bon et important pour lui dans ce moment. 

C’est en cela que consiste le travail du psychologue : être là, aux côtés de l’autre,

L’écouter pour lui permettre de formuler pour celui à qui il s’adresse, et du coup

Pour lui-même, ce qui est son chemin à lui, son chemin de vie qui inclut la mort.   

RÉDIGÉ  PAR  DOCTEUR  ARNAULT  PFRSDORFF  


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